La THArée contée par Ben Oit
Vendredi 22:11
Ce trail a un goût de sapin avant de démarrer. Pascale, notre GO préférée, qui s’était coltinée le tétris des changements de dossards, est contrainte de se désister parce qu’un petit rongeur maléfique lui a chouré une 🦷 🐭 . Et pour les 24 autres RCBeurs.euses qui préparent encore leur sac, la neige a débarqué des Alpes, chassant la pluie qui semblait pourtant se plaire en Haute Ardenne. La décision des gentils THArés est net comme le tranchant d’une hache: pas de passages à gué. Nada. Schnol. L’Ourthe est devenue trop hargneuse . J’ai la naïveté de penser un instant que, pour changer cet hiver, nos petons resteront au sec…
Samedi 08:12.
Un ciel bleu frissonnant nous accueille à Rettigny (-4°). Quel monde pour le retrait des dossards! (Merci à Marie-Jeanne d’avoir fait un tir groupé!) Quel plaisir de se retrouver entre 🦀🦀🦀 pour écouter le discours de départ (oui c’était plus un discours qu’un briefing). Le bonheur et l’excitation avant la promenade sont palpables 🤩 . L’essentiel à retenir: suivre la flèche « Encore! » à chaque bifurcation. Résister à l’invitation du « Stop » qui nous ramène à la réalité . Cinq bifurcations au total pour un maximum de 50 km.
Samedi 09:27.
C’est parti mon kiki ! Les champs nous amènent dans la forêt de sapins. La bataille des Ardennes commence. 900 trailers sur le même single track bien pentu. Freestyle. Ou comme le dit Bruno, « on dirait des bambis » qui essaient de tenir sur leur quilles sur ce terreau à 35% de pente piégé par des racines. Beaucoup inventent leur propre trace en déboulant comme des sangliers dans les branches saupoudrées de neige.
Deux kilomètres plus loin, 1.800 pieds pataugent dans l’eau gadoueuse des abords de l’Ourthe. En fait, c’est un week-end thalassa pour les pieds . Un ruisseau de boue tous les kilomètres. (Il m’a semblé que la peau entre mes orteils s’était même élargie depuis ). Il a bien fallu une heure pour parcourir ces cinq premiers kilomètres et étirer la harde de trailers. Samedi (un peu plus tard). Les paysages que nous traversons sont magnifiques. On s’amuse à passer d’une bosse à l’autre tout en flirtant avec l’Ourthe. Les crabes s’éparpillent sur les différentes distances.
Les THArés testent notre mental. Arrivé au 25ème km, le stop-ou-encore m’indique « stop 30 km », mon objectif du jour et pas plus. Tu parles… au 31ème kilomètre je suis toujours au royaume des Douglas, rois de la forêt. Au final, quasi 35 bornes. « Nous avons décidé d’adapter légèrement notre parcours » qu’ils avaient dit. Stéphane et Philippe m’accueillent sur la ligne d’arrivée. Les choses sérieuses peuvent commencer. On va pouvoir s’abreuver de boissons houblonnées tout en s’empiffrant de THArtiflète.
Samedi 19:04
(et beaucoup plus tard). « Viens on y retourne! ». L’after est lancé . Seb et moi croisons les locaux qui veulent absolument nous faire découvrir leur liqueur potion magique (la THAr ‘gnôle). La soirée s’embrume sur du Joe Dassin . Ça doit sûrement être l’effet des jeunes pousses de Douglas qu’ils mettent dedans. Il paraît qu’il y a des vidéos qui circulent. Perso je n’ai rien bu vu.
Dimanche 09:14.
L’omelette passe bien. Tout est dit.